« Blitz the Ambassador » dénonce le néo-colonialisme dans « The Burial of Kojo »

Dans la liste des films que j’ai hâte de voir, il y a « The Burial of Kojo« . Réalisé par Samuel Bazawule (plus connu sous le nom d’artiste « Blitz the Ambassador« ), ce court-métrage raconte les tumultueux rapports entre deux frères mais en fond, il s’agit aussi pour le réalisateur de dénoncer ce qui, selon lui, s’apparente à du néo-colonialisme chinois au Ghana. D’un point de vue à la fois musical et visuel, Blitz the Ambassador ne m’a jamais déçue, mes attentes sont donc très élevés pour ce film. Il est par ailleurs très engagé sur les sujets liés à l’affranchissement économique et culturel du continent africain, raison pour laquelle il a financé ce film par crowdfunding et non en étant subventionné… Cela lui donne, a priori, plus de libertés quant à ce qu’il pourra montrer ou non dans ce long-métrage. Il a déjà commencé à projeter le film aux 4 coins du monde, j’espère avoir la chance de le voir. Si vous voulez en savoir plus, IndieWire a écrit à ce sujet. À lire en cliquant juste ici.

Un film asisatique entretient un cliché sur l’Afrique

La semaine dernière, en me promenant sur Twitter, je suis tombée sur un tweet évoquant un film chinois dans lequel le héros sauvait des africains d’une guerre. Ce tweet parlait du fait qu’après les occidentaux, ce soit désormais au tour des chinois de se mettre en scène tels des sauveurs d’un continent africain qui n’arrive décidément pas à se prendre en charge tout seul. Ce tweet a attisé ma curiosité et j’ai donc décidé de regarder le film en question et pour cause: la ChinAfrique a désormais largement dépassé le simple cadre économique, cette relation comprend aussi un volet social, linguistique, culturel.

Je ne vous l’apprends pas, une superpuissance économique se doit également d’occuper et façonner les imaginaires et comme les États-Unis ou la France, la Chine l’a bien compris et n’hésite pas à le faire de manière peu subtile.

Le fameux film, donc. Le titre: « Wolf Warrior 2 ». Ne vous attendez pas à du cinéma d’auteur, on est plutôt dans une vision asiatique du blockbuster américain typique, avec un héros solitaire, animé par le désir de vengeance et accessoirement très doué avec les armes à feux. Par souci de concision, je ne vais pas rentrer dans trop de détails mais le film (ou plutôt son 2eme chapitre) se déroule sur le continent africain et comment dire… C’est aussi cliché que ce à quoi je m’attendais. On a, en gros:
– un rappel lourdingue sur l’importance du nationalisme et de l’amour de son pays (propagande patriotique en veux-tu, en voilà)
 un jeu d’acteur qui n’est pas loin de rappeler les pires films de Nollywood
– des effets spéciaux qui ne sont pas du meilleur effet (et notamment une tendance à faire gicler à l’écran un liquide qui était censé ressembler à du sang mais qui n’en a ni la couleur, ni la texture)

– et bien sûr, un ramassis de clichés/stéréotypes sur les africains avec (morceaux choisis) « les femmes africaines sont chaudes« , « les africains, il leur suffit leur tam-tam et du feu, et ils oublient leurs soucis« . Si si, je vous assure, c’est ce qui est (entre autres) dit dans le film.

Je passe sur le fait dont l’Afrique est démontrée de manière globale mais quelle occasion manquée.
Ce film, qui aurait pu être le premier symbole culturel de la ChinAfrique actuelle, a surtout été conçu pour promouvoir l’image d’une Chine conquérante qui dame le pion au rival américain. Quand on sait que ce film a pulvérisé les records dans les salles chinoises (30 millions de dollars de budget de production pour 900 millions de dollars de recettes), il faut penser au nombre de personnes qui auront reçu le message disséminé en arrière-plan.
C’est de bonne guerre, ceci dit. On ne peut pas leur reprocher de se donner le bon rôle. La question est plutôt de savoir quand est-ce que l’Afrique, elle aussi, pourra se placer sur la scène internationale pour raconter le monde vu de son angle à elle ?

Dans tous les cas, si vous souhaitez tout de même jeter un coup d’oeil à Wolf Warrior 2, il est disponible en streaming sur les sites habituels. Le film dure 2 heures, donc assurez-vous que vous n’ayez rien de plus important à faire.

Le film nigérian « King of Boys » sort bientôt !

Le dimanche 21 octobre dernier  se tenait la grande avant-première d’un film que j’attends impatiemment: « King of Boys« . Annoncé depuis des lustres déjà, il s’agit d’un long-métrage réalisé par Kemi Adetiba, à qui l’on doit déjà « The Wedding Party 1 & 2« , le film nigérian qui a pulvérisé tous les records (et disponible sur Netflix).

« King of Boys » raconte l’histoire d’une femme d’affaires nigériane puissante qui n’hésite pas à employer des méthodes plus que discutables pour asseoir sa carrière politique.

Pourquoi est-ce que j’attends ce film à ce point ?1 – Parce que Kemi Adetiba est connue pour la qualité technique qu’elle apporte à ses films (couleurs, son, cadrage etc)
2 – Parce que le rôle principal est joué par Sola Sobowale, qui est généralement cantonnée à des rôles de « Maman Yoruba typique » (surprotectrice, très croyante, bruyante mais attachante). Ici, elle va camper un rôle qui est à l’autre extrême du spectre, quelque chose de plus sombre, de plus difficile à incarner et je suis curieuse de voir ce que ça donne à l’écran
3 – Les films de gangsters sont encore très majoritairement portés par des hommes à Nollywood. Dans ce contexte encore très masculin donc, que ce genre soit à la fois réalisé et porté par des femmes est en soi une petite révolution.Le film sort le 26 octobre 2018 en salles au Nigéria, et j’ose espérer qu’une distribution en zone francophone aura lieu dans les prochaines semaines, je vous tiens informés !

« Disconnect », les relations amoureuses à Nairobi

À quoi ressemblent les relations amoureuses quand on est jeune à Nairobi ? C’est un peu la trame de « Disconnect », un des films kenyans les plus attendus de l’année. Sorti le mois dernier, ce long-métrage raconte en filigrane la relation particulière qu’entretiennent Josh et Celine, deux amis qui s’aiment mais ne veulent pas se l’avouer. À en juger par le trailer, on y retrouve tout ce qui fait la recette d’une bonne comédie romantique: du rire, des larmes, des situations cocasses et bien sûr, de l’amour. Sans oublier le casting, composé des stars les plus en vue de la nouvelle scène du cinéma au Kenya, notamment Brenda Wairumu et Nick Mutuma, l’éternel beaugosse qu’on a déjà aperçu dans quelques fictions nigérianes à succès.
Après avoir écumé quelques blogs et pages sur la toile kenyane, il semblerait que le film ait plutôt été bien accueilli par le public, avec des projections à guichets fermés dans plusieurs multiplex de Nairobi (je n’ai malheureusement pas trouvé d’infos chiffrées à ce sujet).
« Disconnect » a été aussi programmé pour une diffusion en Tanzanie et en Ouganda. Je croise les doigts pour qu’une plateforme de streaming (ou une âme charitable) le rende bientôt disponible sur la toile. J’ai en tout cas posé la question de la diffusion en ligne à KOKO Prime TV (plateforme associée au film), et vous tiendrai informés dès que j’ai un retour.

Pour regarder le trailer du film, c’est en cliquant là.

« Une femme pas comme les autres » toujours d’actualité

Ce jeudi, on célèbre les femmes, leurs droits (parfois durement acquis) et leurs combats. À cette occasion, je me devais impérativement de recommander un film à voir. Primé lors de plusieurs festivals dont le FESPACO en 2009, « Une femme pas comme les autres » raconte l’histoire de Mina – une chef d’entreprise – qui décide de prendre un second époux. J’ai vu le film il y a quelques années et je l’avais trouvé sympathique ! Notamment Georgette Paré et la légende du cinéma burkinabé, Bakary Bamba.

« Une femme pas comme les autres » est à voir sur le site de TV5.

L’éclosion des séries africaines

TO GO WITH AFP STORY BY CHRISTOPHE KOFFI
Crew and actors gather and talk during the shooting of the television series ‘Ma Famille’ (My Family) in Abidjan on August 30, 2016.
The Ivorian television series that has become ‘cult’ returns to tv screens after more than a decade with even more juicy stories. / AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO

La semaine dernière, Sophie Motte du Monde Afrique a publié un article consacré au boom des séries télévisées africaines. Vous le savez, c’est un sujet qui me tient à coeur. L’article évoque l’attrait du public pour le contenu local mais aussi, les difficultés de financement des chaînes télévisées… Notamment parce que les mesures d’audience en Afrique francophone sont encore loin d’être un automatisme.
À lire ici – « Télévision: les séries africaines crèvent l’écran« .

L’orage Africain, le nouveau film de Sylvestre Amoussou.

En 2006 sortait « Africa Paradis« , une satire dans laquelle « l’immigration changeait de camp » et où les européens fuyaient la pauvreté en immigrant (parfois illégalement) en Afrique. On doit cette oeuvre singulière à l’acteur et réalisateur béninois Sylvestre Amoussou. Après la sortie en 2011 de son deuxième long-métrage « Un pas en avant » (sur le mécanisme vicieux des aides humanitaires accordées à l’Afrique), il a sorti en 2017 « L’Orage Africain – Un continent sous influence« . Ce film d’une heure et vingt minutes raconte le combat d’un chef d’état africain qui décide de nationaliser les ressources de son pays – le Tangara – contre l’avis des puissances occidentales.
J’ai vu le film, et même si j’ai noté des changements par rapport aux précédentes oeuvres de Sylvestre Amoussou, l’Orage Africain garde les mêmes qualités…et les mêmes défauts que les films qui le précèdent.

J’ai fait une chronique/revue sur le film disponible sur mon site en cliquant ICI et intitulée « L’Orage africain: une version (bien) plus réaliste de Wakanda. »

Pour regarder « L’Orage Africain« , rendez-vous en cliquant ici.

« Félicité », le film magnifique du réalisateur sénégalais Alain Gomis

Je vous parlais du film du réalisateur (et ancien publicitaire) sénégalais Alain Gomis, « Félicité« . Ce film, primé lors de plusieurs festivals internationaux, est passé très près de la nomination aux Oscars cette année. J’ai enfin eu l’occasion de le regarder en intégralité et que dire à part que le film est magnifique, dur, poignant sur la force, la résilience et l’abnégation dont font preuve les femmes. Le prix de l’indépendance pour l’héroïne du film est cher payé, sans compter l’atmosphère kinoise plus vraie que nature. Et enfin, la prestation de Véronique Beya Mputu est incroyable. Même dans ses moments de silence, elle arrive à communiquer des émotions à la fois contenues et très présentes.

Le film sera diffusé à partir de ce samedi sur Canal+ Afrique francophone (horaires ici).
Par ailleurs… Il est vrai que je milite pour la valorisation des créatifs africains, donc ce que je vais faire peut sembler contre-productif (puisqu’illégal), mais je me permets de partager avec vous le lien pour télécharger ce film. Je crois fermement qu’il vaut mieux qu’un travail de cette qualité soit vu plutôt que je ne le garde pour moi. J’espère que le réalisateur ne m’en voudra pas trop, ça part d’un bon sentiment.
« Félicité » est en téléchargement libre (jusqu’au 6 mars 2018) en cliquant ici.

La sortie du film Zulu Wedding

CINÉMA / Afrique du Sud.

Avec le succès qu’a connu le film nigérian “The Wedding Party”, ce n’était qu’une question de temps avant que d’autres ne tentent de le dupliquer (et tant mieux !). Les sud-africains – qui font probablement les meilleurs films du continent d’un point de vue technique, mais peinent à les exporter – s’apprêtent à sortir un blockbuster réalisé en association avec Hollywood.

Intitulé “Zulu Wedding”, ce film raconte l’histoire de Lou, une chorégraphe sud-africaine résidant aux États-Unis et qui se retrouve fiancée traditionnellement à un roi sud-africain, suite à une dette ancestrale. La jeune femme, qui est contre ce mariage et amoureuse d’un américain nommé Tex, finit par rentrer en Afrique du Sud et se retrouve dans un méli-mélo comme on voit habituellement dans les comédies romantiques.

Du côté du marketing, une campagne Social Media a été lancée (#1MillionTicketsSold), afin de pousser le public à acheter ses places de cinéma pour voir le film. Cerise sur le gâteau (et le plus important pour moi): le film bénéficiera apparemment d’une sortie simultanée dans plusieurs pays africains. Si vous me suivez régulièrement, vous savez que je me plains souvent du fait que les films africains soient difficilement vus ou disponibles hors de leur pays de production, ce qui est en soi une aberration. Mais heureusement, cela commence à changer et j’ose croire qu’inclure des pays voisins dans la distribution des films africains va s’accentuer dans les prochaines années.

Pour “Zulu Wedding”, j’ai cru comprendre qu’il y aura des avant-premières dans plusieurs capitales africaines et sur le plan national, l’équipe marketing du film a prévu de faire des petits cinémas éphémères et itinérants, afin de pouvoir diffuser le film même dans des zones rurales et reculées d’Afrique du Sud où il n’y a pas de salles de cinéma. Autant dire qu’avec tout ça, il était inévitable que la sortie accuse du retard et pour cause: prévu pour le mois de février, la sortie du film a été repoussée au mois d’avril 2018. Ma foi, si ce retard permet de faire de ce long-métrage un succès national et panafricain, je veux bien patienter. Pour rappel, “Happiness is a four letter word” – un film que je vous avais déjà recommandé ici – est le film sud-africain qui détient le record du box-office. Est-ce que The Zulu Wedding ira plus haut ? Affaire à suivre.

Que pensez-vous de Black Panther ?

J’ai été voir « Black Panther » la semaine dernière. J’en suis sortie avec un enthousiasme aussi mesuré qu’avant la projection… sinon plus.

Convaincue de la nécessité culturelle (et sociale) d’un tel film, j’ai été moins emballée par le long-métrage en lui-même. Bien sûr, en tant que femme aux origines africaines, j’étais ravie de regarder un film de super-héros où les femmes (noires) sont dans des rôles décisifs et non-stéréotypés. Mais je n’ai pas trouvé ce film incroyablement divertissant. Chorégraphies de combat basiques, des incohérences dans le montage final (les relations entre Okoye et W’kabi ?), absence de charisme du souverain de Wakanda… Bref, je suis vraiment restée sur ma faim. Par contre, l’intrigue était intéressante sur les questions de responsabilité, des rapports complexes entre les noirs et les blancs, puis entre africains et afro-américains et enfin, entre africains.

J’ai commencé à rédiger un article mais rien que l’introduction faisait déjà deux pages Word (Lol !). Je me suis donc résolue à plutôt enregistrer une conversation avec mon pote (et spécialiste de films MarvelMoulaye (avec qui j’ai été voir le film). On n’a pas pu balayer toutes les réflexions qu’on a échangé en sortant de la salle mais on a évoqué la plupart dans le podcast (sur le besoin de représentation, sur les talents de Ryan Coogler, sur les responsabilités de Wakanda à l’égard des populations noires dans le monde...).

Attention: il y a beaucoup de spoilers, donc l’écoute est à vos risques et périls !

Rendez-vous sur le podcast en cliquant ICI

« L’intreprète » fait un carton

7000. 
C’est le nombre d’entrées en salles enregistrées par « L’Interprète« , film ivoirien sorti en 2016, faisant de ce projet le plus important succès au box office en Côte d’Ivoire pour un film local.
Réalisé par Kadhy Touré, dont c’est le premier projet, ce film raconte l’histoire d’une interprète et femme mariée qui du  jour au lendemain, cède à la tentation de l’infidélité. Primé, la réalisatrice a achevé le tournage, il y a quelques semaines, du deuxième volet. Celui-ci aura une portée plus internationale, avec notamment la présence de John Dumelo, pointure du cinéma ghanéen et très apprécié des fans de films Nollywood

La chanteuse Chidinma au cinéma !

Révélée grâce au télé-crochet MTN Project Fame en 2009, la chanteuse Chidinma Ekile connaît son premier hit national et panafricain avec le morceau « Kedike« , sorti en 2010. Ce succès lui permettra d’être très vite perçue comme la nouvelle voix féminine de la Pop nigériane, et lui a ouvert les portes de nombreuses opportunités (elle sera notamment égérie de l’opérateur téléphonique MTN).

Après un hiatus dans sa carrière musicale, suivi notamment d’un changement de label, la jeune femme fera ses débuts au cinéma au mois de décembre 2017 avec le film « The Bridge« . Ce long-métrage, réalisé par Kunle Afolayan (à qui on doit déjà les blockbusters tels que « Phone Swap » ou encore « October 1st« ) raconte l’histoire d’un jeune couple dont l’amour est menacé par les traditions et le tribalisme. Annoncé juste un mois avant sa sortie, le peu de promotion autour du film n’est pas forcément de bon augure mais les chiffres du box-office seront plus explicites à ce sujet.

À préciser: ce film a été en partie financé par le BOI Nollyfund, un fonds d’investissement dédié au cinéma nigérian et piloté par la banque Bank Of Industry.