SGTC Clothing crée une collection avec des influenceuses !

Au pays du marketing d’influence africain, j’ai découvert la semaine passée un concept encore assez inédit sur le continent: une marque qui confectionne une collection avec des influenceurs.

Jusqu’ici, les leaders d’opinion sur la toile sont généralement recrutés pour être des égéries, mais sont rarement impliqués dans le processus de création (comme c’est pourtant le cas en Occident). Ici en l’occurence, la ligne de vêtements SGTC Clothing a choisi de créer des pièces de sa collection estivale 2018 avec une sélection d’influenceuses nigérianes, ghanéennes et caribéennes parmi lesquelles AngelNana,  Funmi ou encore LaNatria.

Sur le papier, c’est une bonne idée bien sûr, cela permet de toucher les publics respectifs de ces jeunes femmes, mais est-ce que cela va concrètement augmenter les ventes de la dite collection ? Les outils pour mesurer les campagnes d’influence étant parfois variables selon les objectifs et les entreprises,  je ne suis pas en mesure de faire un pronostic. Dans tous les cas, j’applaudis l’initiative (en espérant que chaque influenceuse ait négocié de toucher un pourcentage sur les ventes du modèle qu’elle aura co-créé).

Concevoir une collection en Afrique, même sans y être ?

Pour avoir côtoyé le milieu de la mode afro depuis un petit moment maintenant, s’il y a bien un problème qui est commun à l’ensemble des designers que je connais, c’est la production. Ils veulent généralement tous produire sur le continent mais malheureusement, entre le manque de rigueur (ou de qualifications) des ateliers de production, les capacités limitées en termes de volume ou encore les problèmes de réassorts (ou de transport/d’électricité), concevoir une collection d’A à Z en Afrique subsaharienne peut s’avérer un vrai calvaire. Les choses se corsent encore plus si on a un nombre de commandes qui dépasse le millier de pièces. C’est pourquoi je me suis intéressée au projet de Liamar Caesar. Cette jeune femme de 21 ans, basée en Angleterre, est une créatrice de mode diplômée qui a décidé d’allier business éthique et technologie pour booster le « Made in Africa« . Son idée ? Créer une plateforme intitulée « Manufacture 4 Me« , où il sera possible de concevoir une collection en Afrique, même sans y être. Tel qu’expliqué dans sa vidéo de présentation:

1ère étape: on se connecte sur la plateforme et on sélectionne son prestataire sur la base d’un ensemble d’informations fournies
2ème étape: une fois le fabricant choisi, on lui envoie des croquis et on commande des samples
3ème étape: si convaincu par les samples fournis, on passe la commande
4ème étape: on reçoit sa collection (via des partenaires logistiques qui offriront des tarifs de transports avantageux)

Alors, je sais qu’il y a de quoi être sceptique, notamment pour ce qui est de la protection intellectuelle des designs, la fiabilité des délais (production et transport) ou encore la question des taxes douanières. Ceci dit, ce projet va apparemment faire ses premières phases de test au Kenya. Je vais surveiller le déploiement de ce service qui, si bien mené (et appuyé par les autorités), pourrait révolutionner la production textile africaine…comme l’a fait Alibaba en Chine.

Il reste encore un peu plus de 40 jours pour soutenir ce projet sur Kickstarter en cliquant ici.