Un film asisatique entretient un cliché sur l’Afrique
La semaine dernière, en me promenant sur Twitter, je suis tombée sur un tweet évoquant un film chinois dans lequel le héros sauvait des africains d’une guerre. Ce tweet parlait du fait qu’après les occidentaux, ce soit désormais au tour des chinois de se mettre en scène tels des sauveurs d’un continent africain qui n’arrive décidément pas à se prendre en charge tout seul. Ce tweet a attisé ma curiosité et j’ai donc décidé de regarder le film en question et pour cause: la ChinAfrique a désormais largement dépassé le simple cadre économique, cette relation comprend aussi un volet social, linguistique, culturel.
Je ne vous l’apprends pas, une superpuissance économique se doit également d’occuper et façonner les imaginaires et comme les États-Unis ou la France, la Chine l’a bien compris et n’hésite pas à le faire de manière peu subtile.
Le fameux film, donc. Le titre: « Wolf Warrior 2 ». Ne vous attendez pas à du cinéma d’auteur, on est plutôt dans une vision asiatique du blockbuster américain typique, avec un héros solitaire, animé par le désir de vengeance et accessoirement très doué avec les armes à feux. Par souci de concision, je ne vais pas rentrer dans trop de détails mais le film (ou plutôt son 2eme chapitre) se déroule sur le continent africain et comment dire… C’est aussi cliché que ce à quoi je m’attendais. On a, en gros:
– un rappel lourdingue sur l’importance du nationalisme et de l’amour de son pays (propagande patriotique en veux-tu, en voilà)
– un jeu d’acteur qui n’est pas loin de rappeler les pires films de Nollywood
– des effets spéciaux qui ne sont pas du meilleur effet (et notamment une tendance à faire gicler à l’écran un liquide qui était censé ressembler à du sang mais qui n’en a ni la couleur, ni la texture)
– et bien sûr, un ramassis de clichés/stéréotypes sur les africains avec (morceaux choisis) « les femmes africaines sont chaudes« , « les africains, il leur suffit leur tam-tam et du feu, et ils oublient leurs soucis« . Si si, je vous assure, c’est ce qui est (entre autres) dit dans le film.
Je passe sur le fait dont l’Afrique est démontrée de manière globale mais quelle occasion manquée.
Ce film, qui aurait pu être le premier symbole culturel de la ChinAfrique actuelle, a surtout été conçu pour promouvoir l’image d’une Chine conquérante qui dame le pion au rival américain. Quand on sait que ce film a pulvérisé les records dans les salles chinoises (30 millions de dollars de budget de production pour 900 millions de dollars de recettes), il faut penser au nombre de personnes qui auront reçu le message disséminé en arrière-plan.
C’est de bonne guerre, ceci dit. On ne peut pas leur reprocher de se donner le bon rôle. La question est plutôt de savoir quand est-ce que l’Afrique, elle aussi, pourra se placer sur la scène internationale pour raconter le monde vu de son angle à elle ?
Dans tous les cas, si vous souhaitez tout de même jeter un coup d’oeil à Wolf Warrior 2, il est disponible en streaming sur les sites habituels. Le film dure 2 heures, donc assurez-vous que vous n’ayez rien de plus important à faire.
Un festival de cinéma africain en ligne !
Dans ma newsletter du 27 mars dernier, je vous parlais de Cinéwax, une association qui oeuvre pour la diffusion des oeuvres cinématographiques africains. L’organisation a récemment la tenue de son 1er festival virtuel dédié au cinéma africain. Il s’agit du premier festival de films africains en ligne organisé simultanément dans 15 pays. Nommé le « Online African Film Festival », il aura lieu du 15 novembre au 15 décembre. Vous pourrez regarder une sélection pointilleuse de fictions de plusieurs pays africains, depuis votre ordinateur et ce, pour un tarif unique (comme lors d’un « vrai » festival).
Je trouve l’idée et le concept géniaux et j’ai hâte de découvrir la sélection des films lors de l’avant-première qui aura lieu à Abidjan le 19 novembre prochain.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site ou leur page Facebook.
Le casting de la série congolaise « River Hotel » réunit de nombreuses stars
Avez-vous entendu parler de « River Hotel » ? Il s’agit de LA grande série panafricaine, tournée en plein coeur de Kinshasa. Cette fiction – réalisée par Didier Ndenga – tourne autour d’un homme puissant et machiavélique (incarné par Eriq Ebouaney), qui ne recule devant rien pour protéger son empire menacé notamment par un policier téméraire. La grande nouveauté avec cette série, c’est bien sûr son casting international et rempli de stars: Majid Michel (pointure du cinéma au Ghana et au Nigeria) donne la réplique notamment à Fally Ipupa, ou encore la Princesse Esther Kamatari (qu’on entend peu), la chanteuse camerounaise Charlotte Dipanda ou encore l’actrice française Nadège Beausson-Diagne. Surprise du peu d’engouement qu’il y a, notamment sur la toile, à-propos de « River Hotel », j’ai décidé de prendre une soirée entière pour regarder la 1ère saison.
Sept épisodes plus tard, j’ai arrêté car mon enthousiasme n’a cessé de se réduire face aux nombreux défauts techniques. Entre la prise de son assez aléatoire, le doublage un peu étrange, les innombrables incohérences du script, l’habillage musical, le montage assez bâclé des épisodes et certaines scènes qui trainent en longueur sans ne rien apporter à l’intrigue, je dois dire que j’ai été assez déçue.
Bien sûr, en tant que consommatrice effrénée de contenus africains, je devrais être déjà habituée à ce genre de couacs mais nous sommes à un tournant aujourd’hui: quoi qu’on en dise, et même s’il y a encore du chemin pour rivaliser avec les productions occidentales, le niveau de qualité des feuilletons ou films africains s’améliore d’année en année. De ce fait, je suis de moins en moins tolérante avec des erreurs techniques qui ont moins à voir avec des problèmes de budget et plus avec la direction artistique et créative des réalisateurs. Il y a des choses qu’on ne doit plus accepter..comme par exemple, choisir de faire jouer les rôles d’un père et son fils par des acteurs qui ont le même âge… ou encore, faire jouer un rôle d’enfant de la rue congolais à un acteur avec un fort accent de banlieusard français. « River Hotel » était certes une belle ambition au départ, mais le manque de contextualisation et d’attention aux détails ont vraiment tout gâché à l’arrivée. Par ailleurs, pour une série avec un tel casting, en dehors de quelques articles de presse, je n’ai pas vu de promo intensive (je suis tombée dessus par pur hasard en faisant des recherches). Je suis consciente qu’une avant-première a eu lieu au Congo, et probablement que la communication ait été fortement axée sur ce territoire en particulier mais le public pour la série est clairement panafricain. Or, ni Charlotte Dipanda, ni Fally Ipupa – pourtant parmi les célébrités les plus suivies d’Afrique francophone – n’ont (suffisamment) relayé les informations autour de la série ou particulièrement poussé leurs fans à la regarder. Et je suis tentée de dire que ce n’est pas de leur faute, mais plutôt celle de la production, qui aurait dû profiter de l’aura de ces artistes pour booster la série sur plusieurs pays.
Quoi qu’il en soit, si vous souhaitez quand même y jeter un coup d’oeil, « River Hotel » est disponible gratuitement sur le site de TV5 Monde en cliquant ici.
« Les Perles de Beverly Hills » ou le « Hollywood Girls » panafricain
Celles et ceux qui sont abonné(e)s à cette newsletter depuis un moment, m’ont déjà lue plusieurs fois à ce sujet: l’audiovisuel africain rentre dans l’ère de la télé-réalité (alors que le reste du monde commence un peu à s’en éloigner ou à en modifier les formats). Si ces dernières semaines, je vous ai beaucoup parlé de ce qui se passe au Nigeria, pour une fois, on va pouvoir parler de l’Afrique francophone et pour cause: Jennifer Ondo du Gabon, Nathalie Koah du Cameroun, ainsi que Vera Sidika du Kenya (qui participe déjà à la télé-réalité « Nairobi Diaries ») et MT Yebit(camerounaise résidant aux US) sont les stars d’un programme intitulé « Les Perles de Beverly Hills« . On dira – pour faire court – qu’il s’agit d’une version panafricaine de l’émission « Hollywood Girls », qui a notamment fait exploser la carrière d’une certaine Nabila en France.
En somme donc, le public devra suivre le quotidien (scripté bien sûr) de 4 influenceuses africaines à Los Angeles. Pas vraiment d’information sur les producteurs, ni sur la date de première diffusion, ni sur le canal de diffusion, mais il y a fort à parier que l’essentiel de l’émission sera disponible en ligne (sauf si une chaîne de télévision africaine décide à la dernière minute d’acheter le programme).
Mon autre interrogation est sur le business model autour de ces programmes en Afrique. Comme vous le savez, les émissions de télé-réalité sont (pour le casting), du temps d’exposition médiatique qui sert à marteler le message de marque des « stars » qui y participent… Pour les plus futées, cette visibilité est convertie en espèces sonnantes et trébuchantes dès lors que l’on vend à peu près n’importe quoi (cosmétiques, vêtements, faux cils etc). Les Kardashian sont d’ailleurs le meilleur exemple à ce niveau. Ceci dit, beaucoup de nos « Kim Kardashian africaines » semblent oublier que derrière le branding de Kim K ou Kylie Jenner, il y a une équipe d’experts en marketing et en RP. Ceux-ci sont là pour donner de l’orientation et un cadre, nécessaires lorsque l’on souhaite capitaliser sur son image. Autant dire qu’en Afrique, à quelques exceptions près, on n’en est pas encore là.
Dans tous les cas, je garde donc un oeil sur « Les Perles de Beverly Hills » (même si à nouveau, je sais déjà très bien ce que je vais y trouver).
Pour découvrir le trailer de l’émission, cliquez ici.
Quand le Cube Maggi lance sa websérie panafricaine
Maggi, une des marques-phares du groupe Nestlé en Afrique, s’apprête à lancer sa propre websérie. Intitulée « Yelo Pèppè » (« Piment jaune » en pidgin, un créole anglais parlé dans plusieurs pays africains anglophones), il s’agit d’une fiction dans laquelle plusieurs personnages féminins sont confrontées à des situations intrigantes dans leurs vies de couple. Du drame, du rire et.. de la cuisine, bien sûr, contenu promotionnel oblige. Réalisée (selon mes infos) par le groupe Publicis, cette série a été réalisée par Shirley Frimpong-Manso au Ghana et comprend un casting panafricain avec notamment Anita Erskine (égérie VLISCO et célèbre animatrice-actrice au Ghana que j’aime BEAUCOUP), Aurélie Éliam (actrice ivoirienne), Ade Laoye (actrice nigériane) et Céline Fotso (fondatrice du média camerounais Je Wanda Magazine).
« Yelo Pèppè » sera exclusivement diffusée sur Facebook et Youtube à partir du 20 juin. Étant plutôt familière du travail de Shirley Frimpong-Manso, je sais déjà plus ou moins ce que je vais y trouver mais j’y jetterai clairement un coup d’oeil.
De nouvelles nominations dans les médias !
Au chapitre des nominations récentes dans le secteur du divertissement africain:
Hadja Kobele Keita, qui a longtemps travaillé pour le rayonnement des artistes africains aux États-Unis (notamment au sein de la chaîne BET), a été nommée Directrice pour la zone Afrique francophone par Temple Management Company. Cette société, basée à Lagos, est spécialisée dans le management et la gestion de carrière d’artistes, notamment via des contrats 360 degrés (comprenant aussi bien la promotion, la distribution que l’obtention de contrats publicitaires pour leurs clients).
Toujours dans le domaine musical, Brice Albin Yamedzeu – animateur Radio et à la tête de la structure Y Prod – a été officiellement dévoilé en tant que représentant d’Universal Music Africa au Cameroun, lors de la conférence de presse organisée à Douala le mois dernier, pour annoncer la signature du jeune rappeur Tenor au sein de la major.
Dans le secteur audiovisuel, Sandra Coulibaly – qui occupait jusqu’ici le poste de Responsable de la Distribution au sein de la RTI (Chaîne nationale ivoirienne) – a rejoint Côte Ouest Audiovisuel, leader de la distribution de contenus (séries, films etc) en Afrique. Elle y occupe désormais la fonction de Directrice Marketing et Commerciale du groupe.