Un rapport sur la mode africaine

Avant la pause, je vous avais parlé d’un livre blanc dédié à la mode africaine par Afrikrea, leader mondial de la vente de mode africaine sur internet. Au vu du manque d’informations que l’on a sur le secteur malgré sa popularité croissante, ce document (auquel j’ai modestement contribué)devrait pouvoir apporter pas mal de réponses: qui achète des vêtements en wax ? Quel est le panier moyen dédié aux créateurs afro ? Quels sont les leviers à actionner pour vendre plus ?

Comme indiqué dans le propos introductif: « En analysant plus de 50.000 achats provenant de 78 pays, et avec l’expérience de plus de 2500 créatrices, AFRIKREA partage en toute transparence un trésor de connaissances unique dans le secteur« .

Bref, que vous rêviez de lancer votre marque ou soyez simplement curieux/se, je vous recommande vivement d’y jeter un clin d’oeil en cliquant ici.

Nouvelle adresse shopping à Yaoundé

La semaine dernière, la capitale politique du Cameroun a accueilli un tout nouvel espace shopping. Situé dans le quartier chic de Bastos, ELÈS est un espace créé par Élise Nguiamba, une serial entrepreneure à qui l’on doit déjà la sympathique maison d’hôtes Itondi ou encore Africa Builders, un cabinet d’architecture intérieure.

Chez ELÈS, on trouvera principalement du prêt-à-porter, des robes de soirée, chaussures, accessoires ainsi qu’une sélection de livres ou de produits de beauté de marques internationales. Je lui souhaite le meilleur dans cette aventure !

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le compte Instagram du magasin.

(Crédit-photos: Dreamer Agency).

Industrie Africa, « Le Wikipedia de la mode africaine »

Lancé le 1er juin dernier, Industrie Africa est déjà surnommé « Le Wikipedia de la mode africaine ». Créé par Georgia Bobley et Ninsha Kabanar, ce site se présente comme un showroom digital dans lequel on retrouve exclusivement des marques de prêt-à-porter africaines, et elles sont déjà plus de 80 de 24 pays différents à être répertoriées. Elles sont également classées par nationalité et types de produits. Sur les fiches des designers, on peut y lire une biographie, les articles de presse et même leurs points de vente.
Ce projet m’a fait sourire parce que c’est ce que nous avions commencé chez Fashizblack en 2012 avec le « FashizPedia« , qui devait être l’encyclopédie de la mode africaine. Comme quoi, rien ne se perd, tout se transforme..

Pour consulter Industrie Africa, cliquez ici.

Les vêtements Yale Woody sur ASOS !

Le styliste ivoirien Félix Griza Yalé est à féliciter et pour cause. Créateur de la ligne de vêtements pour hommes YALE WOODY (créée en 2015), il aurait conclu un deal avec ASOS. Ce sont près de 800 pièces qu’il devra livrer au géant britannique de la mode en ligne, ce qui est plutôt considérable pour une jeune marque basée sur le continent africain. Mais c’est également un formidable tremplin à l’international, en plus de pérenniser son activité. Je suis bien sûr ravie pour lui, surtout que ce genre de contrats est encore particulièrement rare en Afrique francophone, où beaucoup de nos créateurs sont confinés (ou se confinent eux mêmes) à une distribution à petite échelle, ce qui ne leur permet pas de grandir. Je vais suivre de très près l’arrivée des vêtements Yale Woody sur ASOS et je vous ferai parvenir les liens une fois qu’ils seront mis en ligne (aucune date n’a été communiquée pour le moment).

Metropolitan World Contest: un concours pour dénicher de nouveaux talents dans la mode

Une des plus grandes agences de mannequin au monde s’apprête à lancer son concours en Afrique subsaharienne. En effet, METROPOLITAN – agence qui a notamment géré les carrières de Claudia Schiffer ou encore du top français Cindy Bruna (avec qui j’ai eu la chance de collaborer pour le magazine FASHIZBLACK) – présente « Metropolitan World Contest« . Basé sur le même concept qu’ELITE MODEL LOOK, concours d’une agence concurrente (dont j’ai été membre du jury pour la finale africaine), le « Metropolitan World Contest » permettra de révéler de nouveaux talents ou dans le jargon de la mode, des « new face ».

La finale Afrique aura lieu le 26 octobre 2018 au Sofitel Ivoire d’Abidjan, mais d’ici là, des castings auront lieu au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Congo-Brazza et en République Démocratique du Congo. Le site web du concours n’est pas en ligne (c’est un peu curieux venant d’une aussi grande agence), mais vous pouvez vous renseigner sur le compte Instagram dédié. Bonne chance à toutes celles et ceux qui tenteront leur chance.

Naomi Campbell: « VOGUE devrait lancer une édition africaine »

Au Nigeria depuis quelques jours, Naomi Campbell est très sollicitée et semble apprécier son séjour à Lagos. Elle a notamment défilé pour la célèbre créatrice nigériane Lanre Dasilva Ajayi, lors de l’Arise Fashion Week qui a eu lieu du 31 mars au 02 avril. Nouvelle porte-parole de la mode africaine donc, Naomi n’a pas hésité à dire publiquement que le magazine VOGUE devrait lancer une édition africaine. Ce n’est pas la première fois que le sujet d’un « Vogue Africa«  est évoqué… et j’ose penser que mon avis sur le sujet est plutôt connu, donc je ne vais pas me répéter. Mais quand bien même, vous souhaiteriez un peu plus de contexte sur les arguments de Naomi Campbell, vous pouvez cliquer ici:

Concevoir une collection en Afrique, même sans y être ?

Pour avoir côtoyé le milieu de la mode afro depuis un petit moment maintenant, s’il y a bien un problème qui est commun à l’ensemble des designers que je connais, c’est la production. Ils veulent généralement tous produire sur le continent mais malheureusement, entre le manque de rigueur (ou de qualifications) des ateliers de production, les capacités limitées en termes de volume ou encore les problèmes de réassorts (ou de transport/d’électricité), concevoir une collection d’A à Z en Afrique subsaharienne peut s’avérer un vrai calvaire. Les choses se corsent encore plus si on a un nombre de commandes qui dépasse le millier de pièces. C’est pourquoi je me suis intéressée au projet de Liamar Caesar. Cette jeune femme de 21 ans, basée en Angleterre, est une créatrice de mode diplômée qui a décidé d’allier business éthique et technologie pour booster le « Made in Africa« . Son idée ? Créer une plateforme intitulée « Manufacture 4 Me« , où il sera possible de concevoir une collection en Afrique, même sans y être. Tel qu’expliqué dans sa vidéo de présentation:

1ère étape: on se connecte sur la plateforme et on sélectionne son prestataire sur la base d’un ensemble d’informations fournies
2ème étape: une fois le fabricant choisi, on lui envoie des croquis et on commande des samples
3ème étape: si convaincu par les samples fournis, on passe la commande
4ème étape: on reçoit sa collection (via des partenaires logistiques qui offriront des tarifs de transports avantageux)

Alors, je sais qu’il y a de quoi être sceptique, notamment pour ce qui est de la protection intellectuelle des designs, la fiabilité des délais (production et transport) ou encore la question des taxes douanières. Ceci dit, ce projet va apparemment faire ses premières phases de test au Kenya. Je vais surveiller le déploiement de ce service qui, si bien mené (et appuyé par les autorités), pourrait révolutionner la production textile africaine…comme l’a fait Alibaba en Chine.

Il reste encore un peu plus de 40 jours pour soutenir ce projet sur Kickstarter en cliquant ici.

TEXTILE / Diaspora – Kenya.

Pour avoir côtoyé le milieu de la mode afro depuis un petit moment maintenant, s’il y a bien un problème qui est commun à l’ensemble des designers que je connais, c’est la production. Ils veulent généralement tous produire sur le continent mais malheureusement, entre le manque de rigueur (ou de qualifications) des ateliers de production, les capacités limitées en termes de volume ou encore les problèmes de réassorts (ou de transport/d’électricité), concevoir une collection d’A à Z en Afrique subsaharienne peut s’avérer un vrai calvaire. Les choses se corsent encore plus si on a un nombre de commandes qui dépasse le millier de pièces. C’est pourquoi je me suis intéressée au projet de Liamar Caesar. Cette jeune femme de 21 ans, basée en Angleterre, est une créatrice de mode diplômée qui a décidé d’allier business éthique et technologie pour booster le « Made in Africa« . Son idée ? Créer une plateforme intitulée « Manufacture 4 Me« , où il sera possible de concevoir une collection en Afrique, même sans y être. Tel qu’expliqué dans sa vidéo de présentation:

1ère étape: on se connecte sur la plateforme et on sélectionne son prestataire sur la base d’un ensemble d’informations fournies
2ème étape: une fois le fabricant choisi, on lui envoie des croquis et on commande des samples
3ème étape: si convaincu par les samples fournis, on passe la commande
4ème étape: on reçoit sa collection (via des partenaires logistiques qui offriront des tarifs de transports avantageux)

Alors, je sais qu’il y a de quoi être sceptique, notamment pour ce qui est de la protection intellectuelle des designs, la fiabilité des délais (production et transport) ou encore la question des taxes douanières. Ceci dit, ce projet va apparemment faire ses premières phases de test au Kenya. Je vais surveiller le déploiement de ce service qui, si bien mené (et appuyé par les autorités), pourrait révolutionner la production textile africaine…comme l’a fait Alibaba en Chine.

Hermès s’inspire du Cameroun

La marque de luxe française Hermès a dévoilé de nouveaux foulards en soie inspirés par des tissus traditionnels camerounais.
Comme indiqué sur le site de la marque:
« La Fondation camerounaise Jean-Félicien Gacha possède un important fonds de tissus Ndop dont la richesse ornementale a inspiré ce carré aux Anamorphée.Les tissus Ndop des Bamiléké, habitants de la savane camerounaise, en Afrique centrale, sont faits de coton tissé en bandes étroites. Si cette première étape est réalisée dans le nord du pays, non loin de Garoua, ce sont ensuite les femmes Bamiléké qui appliquent à l’aide de fil de raphia les motifs qui seront teints en réserve à l’indigo. Le répertoire décoratif très varié s’inspire à la fois de motifs ornant les habitations traditionnelles et des dessins des Wukari du Nigeria, pays dont cette tradition textile est vraisemblablement originaire. Le Cameroun se caractérise par le choix de motifs abstraits, le Nigeria par une figuration prenant pour modèles humains, lézards, léopards… Ces étoffes sont utilisées pour différents rituels.”

Avec tous les débats qu’il y a autour de l’appropriation culturelle, je trouve ça respectable qu’Hermès ait eu la décence de préciser l’origine de ces dessins. Ceci dit, est-ce que des fonds ont été versés par la marque pour l’exploitation de ce tissu traditionnel ? Si oui, à qui ? Je n’ai pas pu trouver l’information.
En attendant, commercialisés à 360€ l’unité, ces foulards sont disponibles sur le site HERMÈSet probablement en boutique également.

Une interdiction d’importation de fripes ?

Le légendaire adage selon lequel il n’y aurait pas d’amitiés entre les pays mais uniquement des intérêts, se confirme une fois de plus. Plusieurs états d’Afrique de l’Est sont dans un bras de fer avec les États-Unis concernant l’interdiction d’importation de fripes/vêtements de seconde main. D’une part, les gouvernements rwandais, tanzaniens et ougandais souhaitent interdire ces importations dès 2019, afin de booster leurs industries textiles respectives. D’autre part, les US rappellent que l’import des fripes en question rentre dans le cadre d’un accord (l’AGOA) qui permet également aux pays d’Afrique de l’Est de pouvoir exporter aux US sans paiement de frais de douane. Cet argument à lui seul a suffit d’ailleurs à faire reculer le Kenya, puisque les États-Unis sont le 3ème marché d’exportation du pays. Vous pouvez lire deux articles un peu plus détaillé sur cette affaire en français ou en anglais.

Mon commentaire:
Dans ce type de situations, il est important de garder la tête froide. Bien sûr, c’est un peu choquant que les US donnent des « ultimatums » à des pays africains, on peut y avoir un arrière-goût de néo-colonialisme, sauf qu’il s’agit simplement de business… et les rapports de force sont un passage quasi obligé. Ensuite, il faut bien reconnaître que l’interdiction des fripes est certes une aubaine pour l’industrie textile locale mais… est-ce que celle-ci est prête à prendre le relais ? Quelles sont les mesures mises en place pour que les fabricants locaux puissent répondre à la demande, surtout à des prix aussi bas/compétitifs que ceux de la fripe ? Quelles sont les mesures mises en place pour contrecarrer l’éventuel marché noir qui va irrémédiablement se mettre en place ? Le Rwanda et l’Éthiopie sont en train de se positionner sur le textile depuis quelques années, notamment en créant des zones franches à des conditions avantageuses pour les fabricants étrangers, sans oublier les formations afin d’avoir des personnels qualifiés. Mais est-ce qu’ils ont déjà atteint la masse critique suffisante pour répondre aux besoins de toutes leurs populations respectives ? Je suis assez sceptique. Que doit-on faire ? À mon humble avis, une transition est préférable.
Étant donné le faible pouvoir d’achat mais aussi, de la croissance d’une classe moyenne qui peut se permettre de dépenser un peu plus en habillement, il faudrait sur une période de 5 à 10 ans, commencer à réduire les importations progressivement tout en appuyant l’essor d’un ou plusieurs fabricants locaux. La « conversion » se fera plus facilement ensuite. Je crains qu’une coupure nette et simple sans plan très solide ne crée un vide dans le marché… Et on le sait, la nature ayant horreur du vide, cela va créer des marchés parallèles et encore plus informels.

Dans tous les cas, je surveille cette affaire de très près car si d’autres pays d’Afrique subsaharienne ont annoncé également vouloir en finir avec les fripes, seule la zone Afrique de l’Est semble la plus déterminée à en faire une réalité.

Un livre sur le WAX

Le tissu wax cristallise les débats depuis des décennies et pour cause: fabriqué en Hollande mais porté en Afrique, la question de sa propriété a tendance à crisper les uns et les autres.
Avant d’avoir un avis arrêté sur la question, il faudrait déjà s’intéresser à l’histoire et la genèse du tissu, ses caractéristiques techniques et son intégration dans la culture ouest-africaine. En ce sens, j’ai commencé la lecture du livre « WAX & CO: Anthologie des tissus imprimés d’Afrique« . Publié aux éditions La Martinière et sorti en septembre 2017, ce livre est écrit par Anne Grosfilley, anthropologue et spécialiste du tissu wax (elle a déjà écrit d’autres oeuvres sur le sujet tel qu’Abécédaire du wax et l’Afrique des textiles). En dehors de ce dernier d’ailleurs, le livre – parsemé de belles photos – propose également l’histoire des autres tissus/motifs emblématiques du continent comme le Shweshwe ou le Bazin. Je n’ai pas encore fini de le lire, mais j’ai déjà appris pas mal de petites choses.
Le livre est disponible sur Amazon et à la FNAC.

La marque afro-française « Maison Château Rouge » et la marque de maroquinerie Sandstorm collaborent

Initiée par MonAmbassade.Fr, une collaboration a vu le jour entre la marque afro-française « Maison Château Rouge » et la la marque de maroquinerie Sandstorm. Afin d’effectuer le lancement de cette ligne spéciale de sacs, la compagnie aérienne Kenya Airways ainsi que la société Voyageurs du Monde se sont associées pour accompagner une campagne de communication d’influence qui sera faite sur place. En effet, à Nairobi, plusieurs influenceurs locaux ont été conviés afin de découvrir les sacs et rencontrer les équipes des deux marques respectives.
J’ai trouvé ça intéressant qu’une association entre une marque africaine et française soit transformée en campagne influenceurs à laquelle Kenya Airways s’associe. Par ailleurs, l’idée pour Maison Château Rouge de s’associer à une marque africaine différente chaque année est également à saluer, ce serait un formidable moyen pour ces dernières de profiter de la visibilité de la marque afro-française pour pénétrer le marché français. À suivre.

Plus d’informations sur les comptes Instagram de SandstormMaison Château Rouge ainsi que le blog de Mon Ambassade.